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Financement de la recherche: l’UQAM plaide pour une répartition plus équitable entre universités

L’Université a déposé un mémoire au Comité permanent de la science et de la recherche de la Chambre des communes du Canada.

18 juin 2024 à 9 h 16

Dans un mémoire déposé récemment auprès du Comité permanent de la science et de la recherche de la Chambre des communes du Canada, l’UQAM formule trois recommandations dans le cadre du mandat sur la répartition du financement entre les établissements postsecondaires: que le gouvernement procède à une répartition plus équitable du financement de la recherche entre les universités; que le gouvernement accroisse significativement le financement de la recherche fondamentale, de la mobilisation des connaissances, de la recherche en sciences sociales et humaines; et que le gouvernement introduise un critère qui favorise un financement plus équitable des universités de langue française.

Réduire l’écart entre les universités

La première recommandation du mémoire vise à ce que le gouvernement procède à une répartition plus équitable du financement de la recherche entre les universités. Selon l’UQAM, le système de financement actuel ne valorise pas pleinement les capacités de recherche et d’innovation des universités hors du réseau du U15 (une association de 15 grandes universités de recherche qui accaparent, selon le mémoire déposé par l’Université du Québec auprès du même comité et endossé par l’UQAM, 79 % des subventions de recherche au pays). «Bien que l’excellence des projets du U15 soit indéniable, l’approche actuelle de financement axée sur une logique où “l’argent attire l’argent” favorise une accumulation de ressources là où elles existent déjà, exacerbant les inégalités et entravant l’émergence de nouveaux pôles et centres d’excellence», lit-on dans le mémoire. En effet, les universités du U15 bénéficient d’un avantage notable grâce à leurs infrastructures déjà financées par des subventions antérieures et à leur réputation établie au fil de plusieurs décennies d’existence.

Selon l’UQAM, cette façon de financer la recherche affecte particulièrement le nombre de bourses accordées par université aux personnes étudiantes, ainsi que l’attribution des Chaires de recherche du Canada.

Pour remédier à ces inégalités, l’UQAM recommande une révision critique de la répartition du financement de la recherche. Selon le mémoire, on devrait examiner les avantages accordés aux universités avec des facultés de médecine et de génie dans l’attribution des subventions. «Dans ces concours dont l’objectif est de propulser l’innovation, nous croyons que le gouvernement devrait prendre en compte que les avancées les plus significatives ne naissent pas en ayant la certitude du succès à des concours, mais émergent souvent dans un contexte de contraintes et de nécessité.»

Recherche fondamentale en sciences humaines et sociales

Le rapport portant sur L’université québécoise du futur, déposé en 2021 par le scientifique en chef du Québec Rémi Quirion, affirmait que «l’institution universitaire et la recherche qu’elle abrite doivent être adéquatement financées pour outiller les nations face aux graves problèmes qui, au-delà de la récente pandémie, continuent de menacer l’avenir de l’espèce humaine». Or, les montants des subventions pour soutenir l’innovation dépassent de loin ceux destinés à financer la recherche fondamentale, particulièrement en sciences humaines et sociales, où les retombées immédiates des innovations se mesurent plus difficilement que le transfert technologique ou la commercialisation de produits.

L’UQAM a été la première université à avoir proposé un modèle d’innovation sociale voué à la transformation sociale. «Mal connues et trop peu financées, les innovations sociales sont pourtant intimement liées à l’atteinte des 17 objectifs de développement durable du Canada à travers son Programme 2030», souligne le mémoire. Ses auteurs croient que le gouvernement fédéral devrait, lors de la définition des indicateurs visant une meilleure répartition du financement de la recherche, ajouter le critère des sciences humaines et sociales, puisque les retombées dans ces deux domaines contribueront à résoudre des défis sociaux et collectifs.

Le mémoire souligne l’importance de prévoir des subventions pour maintenir à niveau les infrastructures déjà en place, ainsi que des financements supplémentaires pour rémunérer le personnel hautement qualifié nécessaire pour faire fonctionner les équipements de recherche.

Mieux financer les universités francophones

Les chercheuses et chercheurs francophones reçoivent un pourcentage des fonds moindre que leur poids démographique, démontre le mémoire de l’Université du Québec. La prédominance de l’anglais dans les publications scientifiques à l’échelle mondiale et au Canada, combinée à la perception de prestige associée au fait de publier en anglais, affecte directement la visibilité et la reconnaissance des recherches menées en français. Cette situation a un impact sur la progression des carrières des chercheuses et chercheurs francophones, et notamment sur leur potentiel de succès aux concours des organismes subventionnaires fédéraux.

En réponse à ce déséquilibre, l’UQAM préconise l’instauration de critères d’évaluation spécifiques pour les demandes de subventions déposées en français, afin de contrer les biais inconscients et de favoriser une équité linguistique dans le milieu universitaire canadien.

«L’UQAM tire sa capacité d’innovation de son aptitude à envisager des solutions créatives hors des conventions établies. C’est ainsi qu’elle parvient à réaliser des projets novateurs à des coûts nettement inférieurs à ceux d’universités présentées comme “grandes”. Avec un financement adéquat, il est légitime de penser qu’elle serait en mesure d’étendre encore davantage son impact dans le domaine de la recherche», conclut le vice-recteur à la Recherche, à la création et à la diffusion Christian Agbobli.

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