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Can J Cardiol. 2006 Mar; 22(3): 269–270.
French.
PMCID: PMC2528925

D’autres considérations sur la paternité des articles

Eldon R Smith, Rédacteur en chef

Un sujet a suscité un grand débat au fil des ans, celui de déterminer qui devrait et ne devrait pas être l’auteur d’un article. De plus, une autre controverse a maintenant vu le jour : celle de savoir si des articles devraient être publiés sans auteur et comment traiter des articles qui ne sont rédigés par aucun des auteurs signataires.

Nous avons tous beaucoup lu sur l’importance que seules les personnes qui ont contribué de manière significative à la conception, à la tenue, à l’analyse et à la rédaction d’un article de recherche soient désignées auteurs. En fait, la plupart des établissements universitaires conviennent qu’une forme d’inconduite universitaire est perpétrée si le nom d’une personne qui n’a apporté aucune contribution significative figure sur un article. Cette situation s’applique à une pratique qui avait l’habitude d’être courante, lorsque le chercheur en chef d’un groupe de recherche était coauteur de tous les articles publiés par ce groupe. Cette pratique a diminué ces dernières années, mais elle existe encore.

De même, lorsqu’un auteur ajoute le nom d’une personne à la liste des auteurs sans obtenir son consentement ou sans même l’en informer (en général pour tenter d’accroître le prestige du groupe d’auteurs), il fait également preuve d’une inconduite évidente. Cette situation continue de se produire, ne serait-ce qu’à une faible fréquence. Enfin, le public a récemment appris que certains articles publiés sont signés par des auteurs qui ne les ont pas rédigés (1). C’est plutôt l’œuvre d’un « rédacteur fantôme », peut-être à l’emploi d’une société pharmaceutique espérant accroître les ventes de son produit. Les articles rédigés par des rédacteurs fantômes ne sont certainement pas rares, mais on espère que, dans la plupart des cas, les auteurs énumérés en ont au moins révisé et approuvé le contenu.

Il existe d’autres aspects à la question de la paternité des articles. Récemment, les membres de la World Association of Medical Editors ont analysé la demande de conseil d’un rédacteur en chef aux prises avec une question difficile. Le journal avait reçu une lettre à l’éditeur (prévue pour publication) dont personne ne voulait être l’auteur. Les rédacteurs réclamaient l’anonymat de crainte que le contenu leur pose problème auprès de leur employeur. Plusieurs commentateurs du groupe de discussion de la World Association of Medical Editors ont fait ressortir que des scientifiques publiaient des articles critiques des gouvernements dans certaines parties du monde et souffraient bel et bien de terribles conséquences. Cependant, l’article provenait d’employés du gouvernement américain, et il semblait peu probable, même si ce n’était pas impossible, qu’aucun mécanisme ne leur soit offert pour faire entendre leurs préoccupations tout en garantissant un processus de justice naturelle pour les personnes susceptibles d’être attaquées par le contenu de la lettre. En général, les participants s’entendaient pour affirmer que des journaux scientifiques de qualité révisés par des pairs devraient insister pour que la paternité de tous les articles soit explicite. Certains sympathisaient toutefois avec les subalternes de toute équipe qui dénoncent la conduite de figures d’autorité et affrontent une possibilité de châtiment. Bien sûr, ce châtiment est également considéré comme une inconduite.

La discussion s’est vite ouverte pour inclure la pertinence de maintenir l’anonymat dans quelque circonstance que ce soit. Il a été souligné que dans certains magazines, tous les articles sont anonymes et que, bien sûr, les pages éditoriales de nombreux grands journaux publient des « éditoriaux » non signés. C’est alors le journal ou le magazine qui prend position (non un individu) et qui l’assume, quelles qu’en soient les conséquences. Cette pratique devient moins fréquente en journalisme et n’a jamais été courante dans les journaux scientifiques.

Rien n’est blanc ou noir à ce sujet. Dans le monde universitaire, la révision de projets de recherche et de manuscrits par des pairs est monnaie courante. La coutume veut que ces « réviseurs » soient anonymes, bien qu’ils soient de plus en plus nombreux à signer ce qu’ils ont écrit. On peut postuler que si ces révisions n’étaient pas anonymes, les réviseurs n’écriraient pas ce qu’ils pensent vraiment du travail ou du manuscrit proposé. Après tout, les divers milieux de compétence sont relativement restreints. Pourtant, on peut faire beaucoup de mal sous la protection de l’anonymat, et il faut constamment évaluer cette pratique pour parvenir à un équilibre convenable et assurer des révisions de qualité sans sacrifier au potentiel d’excellence des travaux.

Les auteurs de lettres à l’éditeur ou d’éditoriaux devraient-ils écrire sous le couvert de l’anonymat dans les journaux scientifiques ? Selon moi, ils ne le devraient pas. Dans le cas des lettres à l’éditeur, je vois peu de justification à ce qu’un journal permette à des individus de dénoncer des actes répréhensibles sans accorder aux accusés la possibilité d’affronter leurs accusateurs et de réagir. Il n’est pas convenable qu’un tel processus soit accepté dans les pages d’un journal scientifique. De même, les rédacteurs en chef de journaux scientifiques doivent signer ce qu’ils écrivent pour en assumer la responsabilité, tout comme nous tentons de tenir les auteurs d’articles révisés par des pairs responsables de leurs travaux. Un rédacteur en chef qui écrit sous le couvert de l’anonymat laisse entendre qu’il craint des représailles. Si tel est le cas, l’indépendance éditoriale n’est pas bien respectée, et il faut alors s’attaquer à ce problème.

Notes en bas de page

Le présent point de vue n’engage que le rédacteur en chef et ne reflète pas nécessairement celui de la Société canadienne de cardiologie ou de Pulsus Group Inc.

RÉFÉRENCES

1. Barnett A. Revealed: How drug firms ‘hoodwink’ medical journals. The Observer. Sunday December 7. 2003. < http://observer.guardian.co.uk/uk_news/story/0,6903,1101680,00.html> (version à jour le 15 février 2006)

Articles from The Canadian Journal of Cardiology are provided here courtesy of Pulsus Group

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